Ce dimanche 3 Juin, c’était donc la sacro-sainte fête des mères, jour de l’année où l’on doit parler un peu plus gentiment à sa petite maman, où on lui envoie des roses plutôt que de l’envoyer sur les roses.
Un peu avant la visite, pour se remettre dans le bain on se repasse en boucle la chanson de Brel ‘ Les vieux’, celle qu’on écoutait jadis avec tendresse parce qu’elle ne vous concernait pas vraiment.
Celle qu’on n’ose même plus écouter aujourd’hui de peur d’y déceler trop de ressemblances.
On retient sa respiration, (nous on doit encore se forcer pour arriver à faire ça mais jusqu’à quand ?) et on prend un bain de décrépitude.
C’est comme un bain de Jouvence, mais à l’envers.
« Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux. »
Il a oublié d’ajouter ‘vitreux’, pourtant ça rime.
Il s’en faut d’un cheveu grisonnant pour qu’on la laisse une fois encore s’ingérer dans vos affaires, pour qu’on supporte ses errements du quatrième âge, pour qu’on oublie l’heure.
L’horloge qui ronronne au salon.
La fête des mères c’est Pétain qui l’a instauré, Pétain, que ma mère a vu en vrai.
C’était un peu avant le Crétacé supérieur. Vous vous rendez compte!?
Putain, on vieillit. Quand j'ai posé ma main sur la sienne, j'ai pas vu tant que ça de différence avec la mienne dans le grain de la peau
On a beau freiner des quatre fers, on dévale la pente à vitesse grand V.
Bientôt, c’est son anniversaire, je ne lui achèterai pas de roses, je lui apporterai des fraises.
Pour qu’elle les sucre.